Le TROU dans la VOLIERE

     Conformément à mon destin, j'ai habité bien des lieux, sous bien des cieux. Après avoir parcouru la France en long et en large, ce fut l'Europe de l'Ouest, l'Afrique du Nord et puis l'Amérique du Nord, les tropiques… De retour en France, j'ai l'avantage de jouir du voisinage, bruyant toutefois, d'élevages en plein air de pintades, de dindes, de poulets, de " blondes d'aquitaine "… Tout ce monde est heureux et quand les petits veaux bondissent comme leurs mères et se roulent dans l'herbe et les fleurs du Printemps, les pintades, elles, volent à l'aise à

     Les pintades, justement, attirent mon attention. Figurez-vous que quelques unes d'entre elles, qui se comptent sur les seuls doigts d'une seule main, ont trouvé le moyen de venir voler et se poser dans mon jardin. Elles y concurrencent ainsi les faisans et leurs poules faisanes, merles, grives, chauve-souris, colibris bleus sombre, coucous, piverts, tourterelles, et j'en passe, qui nichent et se reproduisent joyeusement dans mon jardin, son parc et ses arbres de 7-8 mètres en haies sans parler des grands de plus de dix mètres qui offrent à la fois perchoirs et refuges rassurant pour la nuit à tout ce beau monde ! Je vous parle de ces pintades parce que leur cas me paraît offrir un exemple de ce que quelques individus sur des milliers réussissent toujours à trouver le chemin de la liberté. Ces pintades libres découvrent le monde et viennent converser galamment avec les autres oiseaux libres… De temps à autre, elles retournent parler à leurs consoeurs restées dans l'élevage pas très loin d'ici sur l'une des collines avoisinant la mienne. On dirait qu'elles les invitent à venir les rejoindre dans le vaste monde libre. Pourtant, les milliers d'autres ne les suivent pas, on dirait même qu'elles refusent seulement l'idée de quitter l'élevage ?

     Il faut dire que le chemin de la LIBERTE est difficile à trouver pour tous ces milliers de petits cerveaux de pintades communes. Parce que, bien sûr, toutes les pintades "normales" refusent aussi l'idée, pourtant toute simple, de suivre les recommandations de leurs consoeurs libres qui insistent même pour les guider ! Des milliers de pintades, dociles et bornées, sont évidemment plus capables, d'après elles, de trouver seules le chemin et elles refusent évidemment de suivre les conseils d'individus en marge, qui ont, encore pire, quitté la volière commune, des délinquantes, quoi !… C'est simple, la prison, c'est forcément dehors !… Dailleurs, regardez comme toutes ces pintades enfermées dans leur volière de 150 x 30 x 6 mètres, attenante au hangar, abris sûr de la nuit, néo-corne d'abondance, où elles trouvent régulièrement leur pitance sans avoir à la glaner dans les prairies avoisinantes, se sentent ici parfaitement LIBRES !… A quoi bon aller chercher une Liberté ailleurs alors qu'elles en jouissent sans effort ici, ne peuvent-elles donc pas voler ? Mais si, Mesdemoiselles, regardez !... Bref, mes quatre ou cinq pintades libres repartent toujours seules, d'un envol majestueux et puissant vers les collines landaises et se posent parfois dans mon jardin.

     Et elles se disent que les milliers d'autres sont décidément débiles et évidemment condamnées à l'abattage final des hommes, sans pouvoir y échapper, faute d'en avoir même seulement l'envie. Tout l'art des hommes est évidemment de rendre leur esclavage confortable et pour toute sûreté de limiter leur Liberté au seul espace de la volière… Et cela convient bien à 99,99% des volatiles ainsi promis à vos assiettes de gourmets.

     Savez-vous comment les plus intelligentes et les plus curieuses pintades ont ainsi trouvé le chemin de la Liberté ? Eh, bien, c'est à la fois très simple et très compliqué. D'abord il faut avoir envie de sortir de la cage, de refuser l'esclavage et l'abattage final… Ensuite, il faut chercher le trou, car il y en a toujours un dans le filet. Après avoir tenté, bien des fois, de trouver le trou en l'air, sans avoir eu la chance de le découvrir, elles se sont dit, que la sortie cachée devait être cherchée par terre. Elles ont alors fait le tour des fondations de la volière et du hangar. Et alors là, comme de juste, à l'endroit le plus improbable mais pourtant le plus logique, elles ont découvert le trou ! Juste dans l'angle entre le hangar et le début de la volière extérieure, là un parpaing dont le scellement avait été oublié avait joué avec le tassement de la terre après les travaux de constructions de l'ensemble. Les humains laissent toujours traîner une erreur quelque part… Car la perfection des prisons n'est pas de ce monde ! Pour une fois la fameuse citation : ERRARE HUMANUM EST ne peut pas être suivie de son habituel : PERSEVERARE DIABOLICUM, car ici ce n'est donc pas le Diable qui a veillé à l'erreur humaine, mais DIEU ! Mes pintades libres ont donc trouvé le trou ménagé par la providence dans la volière de l'esclavage ! Et, d'abord surprise de leur audace, presque prêtes à retrouver leurs compagnes à l'intérieur, elles ont osé, d'abord à pieds, puis en l'air, découvrir l'immensité du monde extérieur ! Bien leur en a pris, et elles souhaiteraient tellement faire profiter tout l'élevage de leur splendide expérience… Seulement voilà, la masse, conditionnée, préfère l'esclavage et l'hécatombe finale…

     Je suis sûr que mon histoire, va, comme à moi, vous faire penser à tous ces humains eux-mêmes encagés, esclaves, rendus dépendants de la monnaie fiduciaire d'un système satanique et auxquels leurs gourous mondiaux ont appris à ne pouvoir se déplacer qu'avec les béquilles de leurs volières idéologiques. Pourtant, ils ont aussi des ailes ! Et certains d'entre eux, qui ont trouvé le chemin de la Liberté essayent aussi en vain, comme avec les pintades, de les faire sortir de leurs prisons, sans plus de succès…

Allez-vous enfin choisir le chemin de la Liberté dans le respect de la Loi naturelle ? Votre salut est à ce prix ! Je souhaiterais tant vous sortir de l'esclavage !

> L'Ange de service.

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